Françoise est une de nos sympathisants. L'année dernière, elle est partie au Canada rencontrer les Attikamekw, et elle a ensuite poursuivi son chemin jusqu'au Costa Rica. Elle nous offre un texte sur ce voyage plein de beaux enseignements, mais aussi ce constat : celui de l'insidieuse manipulation des anciens pour l'accaparement de la vie.

Canada : 2013


Quelque part, bien loin dans la forêt boréale, les 14 tonnes entrent et sortent de leurs « réserves » privées !

Des troncs : de l'emploi et surtout de l'argent.

Un peu plus loin, le territoire attikamekw. Plus de camions mais des orignaux, ours, castors, perdrix, brochets,... baies, fruits, sève et le village- « réserve », ils sont 1500.

Un jour, le pouvoir de la consommation s'est frayé un chemin et a traversé le pont sur un tapis rouge. Ecran large, 4x4, jeux vidéos , frigo rempli et les poubelles s'accumulent à 25km de là dans la forêt.

L'argent est détourné, les tensions naissent. Quelques anciens essaient de défendre le droit à la terre, que dis-je, à la vie et non aux biens.

Les négociations sur le droit d'exploitation des terres n'en finissent pas entre le gouvernement canadien et les autochtones.

 

Costa Rica : même année

Dans un village d' « indiens » au Costa Rica, j'accompagne mon hôte, E., à une réunion.
Un représentant du gouvernement et ses sous-fifres se sont déplacés jusqu'au village pour convaincre les « anciens » à signer un document sur l'exploitation de leurs terres.

Quel respect ! Ils s'adressent aux anciens !!

Et les arguments tombent ; l'avantage de céder leurs droits, la facilité de recevoir le produit de leur exploitation, etc...

Mais certains villageois contestent: « Les anciens sont trop âgés pour suivre un débat, pour comprendre les lois ; vous profitez d'un rang, nous ne signerons pas. »

Durant la réunion, je remarque un homme, souvent debout, allant chez un ancien puis un autre, expliquant, tout sourire les motivations « bien pensantes » du gouvernement. « C'est R., me dit mon hôte. « Un indien, il est payé par le gouvernement pour nous convaincre. »

Quelques jours plus tard, je me rends dans un hameau voisin rencontrer d'autres anciens. Chez la 1ère, la Señora V., je tombe comme un cheveu dans la soupe, ils sont réunis à l'arrière de la maison et discutent. Hésitants, ils me font quand même entrer.
J'aborde V. qui habillée dans une simple chemisette se balance, assise dans son hamac.
Je n'échange que quelques mots car l'oreille bien tendue elle répond aux autres !! Je décide de me retirer quand on m'offre un bol de soupe de bananes.

Quelle aubaine ! Tout en mangeant, je suis la conversation.

Une grande feuille est dépliée sur la table, des noms s'inscrivent pour constituer un arbre généalogique (demande du gouvernement) d'où l'importance de la présence de V.

Je remarque à nouveau R. et ses 3 acolytes. La discussion est animée ; il interrompt souvent pour argumenter. Au bout d'un moment, les personnes s'épuisent et l'attention baisse, j'en profite pour prendre congé. Je ne peux m'empêcher de leur expliquer la situation sur l'exploitation des terres des autochtones au Canada en ce moment. Je conclus par : «  Le gouvernement est un gros menteur » et je quitte pour aller retrouver à quelques pas de là un autre ancien, el Señor M.

Il vit misérablement avec sa sœur dans un abri où il y a en tout et pour tout 2 lits et un portique à vêtements. Ils m'accueillent, étonnés aussi mais heureux de partager ses souvenirs. »

Nous passons un bon moment quand soudain apparaissent les 3 fameux acolytes. M. est surpris de les voir et je prends congé. Je remarque, en sortant, R. attendant près de sa voiture !!

 

Droit des peuples autochtones : petit aperçu sur wikipedia

 

-1957 : Convention 107

-1989 : Révisant la convention 107, La Convention 169 a été adoptée par l'Organisation internationale du travail (OIT).

La Convention 169 de l'Organisation internationale du travail ou Convention relative aux peuples indigènes et tribaux est, avec la Convention 107 « relative aux populations aborigènes et tribales », le seul instrument juridique adopté par la communauté internationale qui concerne les droits des peuples indigènes et tribaux.

 

-2007 La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a été adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU en septembre 2007.

La Déclaration, recommandée par la Déclaration et programme d'action de Vienne affirme notamment que les peuples autochtones ont le droit à l'autodétermination interne et qu'en vertu de ce droit ils déterminent librement leur statut politique et recherchent librement leur développement économique, social et culturel1. Elle dispose que les peuples autochtones ne peuvent être expulsés de leur terre. Qu'ils ont droit aux ressources naturelles situées sur leur terre. La Déclaration devient la référence de l'ONU pour le respect des droits des peuples indigènes ; elle permet d'évaluer l'attitude des États envers les peuples indigènes, mais n'est pas dotée d'effet contraignant en droit international. Il s'agit de Soft law.

Cette adoption tombe après 12 ans d'âpres discussions